Billets du monde

  Les oiseaux sur les billets de banque

Les oiseaux ont depuis toujours inspiré le graphisme des billets de banque. Chaque civilisation a célébré la beauté de leur vol et celle de leurs chants, en leur attribuant souvent un sens symbolique et des pouvoirs magiques.

São Tomé-et-Príncipe - p67a1 - 20.000 Dobras - 22.10.1996Les milliers d'espèces d'oiseaux sont une source inépuisable d'images originales pour les pays désireux d'afficher leur identité nationale et leur monnaie. De plus, le symbolisme des oiseaux peut être utilisé pour évoquer un idéal élevé (paix, victoire ou liberté).
Aux XVIIIe et XIXe siècles, le dessins représentés sur les billets se limitaient généralement à de petits emblèmes non colorés, et les oiseaux ne panossaient que de manière stylisée, Un billet de 400 francs émis au cours de la Révolution française en fournit un exemple frappant. Il proclame le nouvel ordre au moyen d'un aigle aux ailes déployées tenant un foudre entre ses serres et, dans son bec, un serpent qui se mord la queue (I'Ouroboros), le symbole traditionnel du cycle éternel de la mort et de la régénération. Les ailes de l'oiseau protègent les fasces des baguettes liées autour d'une hache à double tranchant - insigne de l'autorité officielle depuis l'Antiquité. Il est surmonté ici d'une cocarde tricolore.
D'ordinaire, les oiseaux jouent un rôle moins dramatique, et les aigles ou les colombes accompagnent une figure allégorique ou volent au-dessus d'un paysage serein. En Angleterre, les armoiries locales - sur lesquelles les oiseaux pouvaient servir de timbre ou soutenir l'écu - offraient des motifs populaires idéals pour orner les billets de banque régionaux.

 

TRADITIONS ET MUTATIONS

Cette imagerie symbolique s'est maintenue au XXe siècle. En Hongrie par exemple, un billet émis pendant l'hyperinflation des années 1940 porte une colombe tenant un rameau d'olivier dans son bec, avec le millésime de 1445 marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Certains oiseaux, comme l'aigle impérial bicéphale des billets russes, sont restés emblématiques. Mais, en règle générale, les images ont évolué vers des types plus vivants, illustrant souvent l'histoire naturelle d'un pays. Les oiseaux s'y prêtent à merveille. L'éventail des espèces représentées est large, depuis les flamants roses aux Bahamas. l'eider au Danemark, l'aigle pécheur en Zambie, aux chouettes du Canada, de Suisse ou des Pays-Bas.
Dans certains cas, les oiseaux sont devenus des symboles nationaux. comme le kiwi en Nouvelle-Zélande ou l'oiseau de paradis en Papouasie-nouvelle-guinée. D'autres spécimens sont plus ordinaires, comme les mouettes ou encore le rouge-gorge, figurant sur des billets émis aux Bermudes et au Canada. Il est courant que des banques nationales programment une série de billets autour d'un thème particulier en choisissant pour chaque dénomination de la série une image différente et cependant apparentée aux autres. Les oiseaux figurent souvent parmi un ensemble d'illustrations de la faune locale ; c'est le cas des billets qu'a émis la Lituanie après avoir proclamé son indépendance, en 1990, et qui montraient, entre autres, des faucons et des vanneaux.

 
Canada - p094b - 2 Dollars - 1986LE CANADA LEUR CONSACRE TOUTE UNE SÉRIE FIDUCIAIRE

Nombreux sont aussi les pays peuplés d'une telle variété d'oiseaux qu'ils suffisent à alimenter le thème de toute une série fiduciaire. En 1986, la Banque nationale du Canada a mis en circulation de nouveaux billets représentant divers volatiles locaux, comme le rouge-gorge et l'oie du Canada. Ils sont montrés dans un décor correspondant à leur habitat naturel : l'aigle pêcheur prend son envol au-dessus d'un lac ; le grèbe commun nage dans les eaux fraîches d'un étang; le martin-pêcheur est perché sur une branche au-dessus d'un ruisseau, guettant les poissons.
Quelques oiseaux exotiques d'Asie du Sud-est, au nom évocateur, ont orné des billets de Singapour dans les années soixante-dix : le shama à plumage noir roux et blanc, l'oiseau de soleil à gorge jaune, l'oiseau-mouche à gorge bleue ou le bulbul à houppe rouge. Autant de dessins qui, peut-être pour s'harmoniser avec les couleurs dominantes du billet et fournir ainsi une meilleure garantie contre la contrefaçon, étaient peu fidèles à la réalité. Ainsi s'explique que l'oriole à cou noir paraisse violet. L'altération des couleurs naturelles est, en fait, assez fréquente dans les illustrations animales ornant les billets de banque.
Sur les anciens billets de Singapour, les oiseaux formaient l'illustration principale. En effet, les pays en voie de développement émettent souvent du papier-monnaie qui se démarque des autres en présentant des aspects originaux de leur culture et en célébrant de façon conjointe les merveilles de la nature et le progrès technique.
Si la primauté revient habituellement à la flore et à la faune - de toute évidence, elles sont plus décoratives et pittoresques que les usines ou les aéroports -, c'est aussi parce qu'elles correspondent à l'intérêt accru pour l'environnement vers la fin du XXe siècle.
Le choix d'une image appropriée doit être méticuleux. En 1977, un nouveau billet de 100 florins, censé, à l'origine, être décoré d'une grande bécassine, a été émis aux Pays-Bas. On s'est attaché à rendre avec une grande précision tous les détails de l'oiseau afin d'éviter toute critique de la part des ornithologues. Malheureusement, le graphiste a dû apprendre, mais un peu tard, que la grande bécassine n'était pas un oiseau originaire des Pays-Bas, contrairement à la bécassine des marais. Le dessin définitif comporta une représentation de la bécassine des marais, au droit, accompagnée de la tête d'une grande bécassine au revers et sur le filigrane. Sur les billets néerlandais actuels, des dessins abstraits ont remplacé les dessins figuratifs, mais des oiseaux comme le rouge-gorge et la chouette ornent encore les filigranes.

 

Seychelles - p49 - 50 Roupies - 2016IDENTITÉ CULTURELLE

Bien que, sur les billets modernes, les oiseaux soient dessinés dans un style plus réaliste qu'autrefois, il peuvent en conserver leur signification symbolique. Ainsi, un nouveau billet suédois de 1992, par exemple, est à l'effigie de la romancière Selma Lagerlöf (1858-1940), aussi célèbre comme prix Nobel de littérature (1909) que pour avoir écrit Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, dont le thème central est illustré au revers du billet. Il s'agit d'une scène charmante où l'on voit le jeune héros en train de survoler un patchwork de champs cultivés sur le dos d'une oie sauvage.
En Finlande, le billet de 100 markkaa introduit dans les années quatre-vingt montre le compositeur Jean Sibelius (1865-1957) et des cygnes survolant un lac. Les cygnes sont généralement associés à la vision mystique de la nature, au romantisme de l'art finnois au tournant du XXe siècle ainsi qu'à la musique de Sibelius. L'une de ses compositions les plus célèbres est d'ailleurs intitulée Le Cygne de Tuonela.

 

SYMBOLES NATIONAUX

Assez fréquemment, les oiseaux dessinés sur les billets appartiennent à des espèces indigènes ayant acquis, au fil du temps, une importance particulière dans les traditions et le folklore du pays. Hôte de la cordillère des Andes, le condor, vénéré dans de nombreux pays d'Amérique latine comme symbole de liberté, est parfois intégré dans l'emblème national. En Bolivie et en Équateur, il figurait sur les billets comme timbre de l'écu des armoiries nationales, alors que, sur les billets colombiens, il était représenté au côté de héros tels que Simon Bolivar (1783-1830). Le condor y est montré, ailes déployées, sur un rocher élevé au-dessus d'un paysage de montagnes et de cascades.
Au Guatemala, le quetzal incarne la liberté, car il ne peut vivre en captivité. Une divinité précolombienne - Quetzalcoatl - porte son nom, et ses longues plumes caudales vert mordoré servaient d'ornement aux chefs avant la conquête espagnole auXVIe siècle. De nos jours, le quetzal est l'emblème national du Guatemala. Dans les années vingt, il a donné son nom à la monnaie guatémaltèque et, depuis lors, cet oiseau paraît sur tous les billets émis par la Banque centrale du Guatemala.

 

LE JAPON ET L'EXTRÊME-ORIENT

Le papier-monnaie japonais montre combien le réalisme et la tradition peuvent être conjugués harmonieusement. Le billet de 1000 yen représente deux grues du Japon encadrant le filigrane au centre du billet. Ces volatiles ont un seul partenaire pour la vie et réaffirment leurs liens mutuels en effectuant des parades nuptiales.
En Extrême-Orient, des oiseaux comme la grue et le paon sont traditionnellement associés à une longue vie et à la chance, alors que, au Japon, la grue, comme la tortue, symbolise longévité, beauté et éternelle jeunesse.

 

 

(c) Éditions Atlas (sauf billets de banque)




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